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treizième année, il a dressé des piliers, etc… sur le mont de la Vierge (Kumārīparvata) auprès de la résidence des Saints (Arhat).

C’est sans doute à cette période d’intense prospérité du Kalinga que se rapportaient les informations recueillies sur place, au cours du viie siècle, par le voyageur chinois Hiuan-tsang. Le pays était alors couvert de forêts et de jungles ; « mais, dans l’ancien temps, le royaume de Kalinga possédait une population dense, à tel point que les passants se frôlaient les épaules dans les rues, et que les moyeux des chars se coinçaient… » Et c’est aussi vers la même époque que commence le mouvement d’émigration par mer qui va porter la civilisation de l’Inde sur le littoral opposé, où le nom des Talaings désigne encore la population du Pégou subjuguée au xie siècle par les Birmans, et dans les îles de l’Insulinde où les originaires de l’Inde sont traditionnellement désignés comme des Kaling ou Kling, de même que les Européens sont englobés dans l’Orient islamisé sous l’appellation de Firingi « Francs » (Paran au Cambodge).

Khāravela dans toute sa puissance se targuait d’avoir bravé son voisin de l’Ouest, le roi Sātakaṇi. Les Sātakaṇi (ou Çātakarṇi) étaient dès le second siècle av. J.-C. maîtres du royaume des Andhra qui dominait le cours inférieur de la Godavari et de la Kistna. Leur territoire marque la limite d’expansion des parlers aryens ou néo-sanscrits. Au-delà, vers le sud, la population de race dravidienne qui avait précédé les conquérants aryens était trop dense pour se laisser absorber. La civilisation sanscrite, par ses missionnaires brahmaniques, bouddhistes et Jaina,