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« sur le sol reposait un soubassement en pierre, formé de cinq assises, qui avait une circonférence de 300 à 400 pieds, et une hauteur de 150 pieds ; au-dessus de ce soubassement s’élevait le stūpa proprement dit, construction en bois à treize étages, d’une hauteur de 400 pieds ; enfin le tout était surmonté d’une colonne en fer haute de 88 pieds, portant 13, ou 15, ou 25 disques en cuivre doré » (Chavannes, Voyage de Song Yun). Le stūpa passait pour contenir dix boisseaux de reliques du Bouddha !

À consulter les monnaies de Kaniṣka, rien n’y laisserait deviner une ferveur si ardente pour le culte du Bouddha. Il est, à vrai dire, le premier qui ose frapper sur des pièces de monnaie des images du Maître ; le vieux préjugé qui avait longtemps interdit de représenter la personne du Bouddha autrement que par des symboles avait disparu, avec bien d’autres, sous l’action des Grecs et des Scythes. Et c’est une innovation singulièrement éloquente de voir la figure classique du Bouddha nimbé, revêtu de la robe du moine, le vase à aumônes à la main, et à l’entour, tracées en lettres grecques, les inscriptions Boddo, Sakamana Boudo, le « Bouddha Çākyamuni ». Mais le Bouddha partage cet honneur avec bien d’autres divinités, les unes grecques : Hêlios « le soleil » ; Salênê (sic) « la lune » ; Hêphaistos ; les autres, et les plus nombreuses, empruntées au panthéon de l’Avesta : Miiro « Mithra, le soleil », mao « la lune » ; orlagno « Verethraghna » (pehlevi Varahrān) ; athro, ātar, « le feu » ; arooaspo « Aurvaṭaçpa (le soleil) aux chevaux rapides ». On croirait plutôt qu’on assiste à la renaissance du Zoroastrisme, refoulé aux extrémités de l’empire iranien par le développement de l’hellénisme, et