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rains du roi ; elle a été exhumée aux environs de Mathurā, « Mathurā des dieux » comme l’appelle Ptolémée pour rendre en grec l’appellation de devaputra « fils du Ciel » et pour la distinguer ainsi de l’autre Mathurā, la « Modoura du roi Pandiôn » située à l’autre extrémité de la péninsule. Nous y retrouvons l’accoutrement à la turque, caractéristique des rois Kuṣaṇa, que les monnaies nous avaient rendu familier, la tunique, la longue lévite serrée à la taille par une ceinture et les grandes bottes de feutre montantes, mais, lacune trop symbolique, la tête manque. Et nous avons encore une autre image de ce prince, accompagnée d’une dédicace où figure son nom, sur un reliquaire exhumé en 1909 à Pechaver, œuvre curieuse de l’art gréco-bouddhique au Gandhāra : sur le couvercle un Bouddha, la tête ornée d’une auréole, assis sur le calice allongé d’un lotus, dont les pétales forment la surface du couvercle ; à sa droite et à sa gauche, deux divinités auréolées, debout, en adoration. Autour du rebord court une frise d’oies sauvages. La cassette du reliquaire montre, en repoussé, un Bouddha en méditation, des divinités soutenues par des guirlandes ondulées que des Amours soutiennent dans leurs bras enfantins ; enfin la figure de Kaniṣka debout, la tête couronnée du haut bonnet turc. Les ruines poudreuses où dormait ce reliquaire sont tout ce qui reste d’un immense sanctuaire bouddhique élevé par Kaniṣka et qui passa longtemps pour une des merveilles du monde oriental, si fécond en merveilles. L’édifice avait plus de 200 mètres de haut. En combinant les descriptions enthousiastes des voyageurs chinois, dont aucun pourtant ne put l’admirer intact dans ses lignes primitives, il semble que