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landais, là aussi que le génie hindou a eu longtemps son Athènes, à Ujjayinī, l’actuelle Oujjein, qui a mieux préservé son nom que sa splendeur.

Le climat, dans l’ensemble, est du type tropical, avec des chaleurs de plus en plus violentes en approchant de l’équateur. L’hiver proprement dit n’existe que dans les districts montagneux du nord ; mais l’Hindoustan tout entier a des nuits froides pendant cette période, et les hauteurs, si elles n’ont pas de neige, ont la gelée blanche. Le phénomène qui rythme le plus nettement la vie annuelle, au point de donner son nom à l’année, c’est la saison des pluies (varṣa). L’Océan indien est soumis à un régime alternant de vents du sud-ouest et de vents du nord-est. Quand la mousson du sud-ouest s’établit, elle entraîne avec elle les vapeurs de la mer surchauffée qui se refroidissent au voisinage des montagnes et se précipitent en pluie. De juin à septembre, le ciel arrose la terre ; puis vient l’automne, avec la sérénité de ses clairs de lune infatigablement chantés par les poètes, et désormais jusqu’au retour de la mousson suivante l’Hindou n’aura plus pour sa boisson, pour son entretien, pour sa culture, que les eaux emmagasinées dans les creux du sol, dans ces réservoirs et ces étangs artificiels qui accompagnent partout la présence des communautés humaines dans l’Inde. Les cours d’eau qui roulaient en torrents impétueux et débordaient sur les plaines au temps des pluies rentrent sagement dans leur lit trop large où souvent, pour reprendre une expression célèbre, ils coulent à sec. Et c’est miracle de voir s’étaler encore la magnifique nappe du Gange, ce Nil de l’Hindoustan, vénéré comme une mère (Gaṅgā mātā) par les indigènes qui le croient