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chez qui on le trouve en usage dès le second siècle avant l’ère. Dans la partie sud de l’empire des Ta Yue-tche, le royaume de Ta Hia (Bactriane) était partagé entre cinq yabgou. Après un siècle de régime féodal, le yabgou de Kouei-chouang, le plus méridional de tous, établi sur le versant nord de l’Hindou-Kouch, attaqua et vainquit les quatre autres yabgou et se proclama roi. Il envahit le Nyansi (pays Parthe), et s’empara du territoire de Kao-fou, au sud de l’Hindou-Kouch ; il triompha du P’ou-ta (dans le nord de l’Arachosie ?) et du Ki-pin et posséda entièrement ces royaumes. Il avait plus de quatre-vingts ans quand il mourut. C’est encore aux sources chinoises que nous devons ces informations ; elles sont empruntées à l’histoire des Seconds Han (25-220) rédigée au ve siècle, mais proviennent d’un rapport officiel présenté à l’empereur Nganti vers 120-125. La dynastie fondée par le yabgou de Kouei-chouang, c’est-à-dire de Kushan, conserva le nom qui rappelait son origine : Kuṣaṇa dans l’Inde, Kouchān dans l’Orient iranien. Le fondateur est désigné en chinois sous le nom de K’ieou-tsieou-k’io ; mais nous retrouvons son nom authentique et complet : Kujula Kadphisês (Kozoulo Kadphisou ; Kozola Kadaphes, en grec ; Kujula Kasasa, Kugula Kaphsasa, Kujulakarakaphsasa en indien) sur une série de monnaies qui évoquent l’agonie et la mort du royaume grec de Bactriane. La catastrophe suprême se produisit sous le règne d’un roi nommé Hermaios. Hermaios avait frappé un grand nombre de monnaies, en argent et en bronze, du type rond et du type carré, sur le modèle ordinaire des Indo-Grecs, mais de facture assez grossière ; le buste royal à la face ; au revers Zeus sur un