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avec sa mère, la reine Hélène, restée si fameuse pour sa piété dans la tradition rabbinique. La ville d’Édesse, fondée en 132 av. J.-C. sur les confins de la Syrie et de l’Adiabène, et devenue bientôt un des grands marchés d’échange du commerce oriental, est liée par la tradition chrétienne au souvenir de Jésus et des origines de l’église. Édesse précisément se flattait d’avoir recueilli (en 232) les restes de l’apôtre Thomas, rapportés de l’Inde par des mains pieuses. Le nom de Gondopharès pouvait être associé, lui aussi, par un souvenir particulier, à la chronique d’Édesse ; les noms de l’apôtre et du roi se seraient rapprochés sous les auspices de l’Inde.

L’œuvre des Çaka est encore loin d’être achevée ; des dynasties installées en pleine Inde, à Mathurā, au Malva, au Guzerate, en contact intime avec la vie hindoue et la civilisation hindoue vont jouer un rôle brillant dans la transformation de l’Inde en voie de s’accomplir. Nous les retrouverons bientôt. Mais déjà sur les frontières Nord-Ouest constamment ouvertes à l’invasion, de nouveaux conquérants se présentent. Les Ta Yue-tche, passés par une brusque migration de la Mongolie à la région de Samarcande, d’où ils ont délogé les Çaka, ont derrière les Çaka poursuivi leur chemin vers l’éternelle attraction de l’Inde ensoleillée. Avant que la dynastie des premiers Han vînt à s’éteindre en Chine (vers la naissance du Christ), leur domaine touchait déjà le Ki-pin au sud. Leur capitale était au nord de l’Oxus ; mais le territoire était divisé en cinq principautés chacune sous l’autorité d’un chef appelé « yabgou », titre que les Yue-tche avaient sans doute emprunté avec la fonction à leurs anciens voisins les Hiong-nou,