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royaux. — Voilà bien, s’écrie Abbanês, l’artisan dont nous avions besoin ! Ils débarquent, après une navigation facile, à Andrapolis, et s’acheminent vers la capitale de Goundaphoros. Le roi, instruit des talents de Thomas, mène l’architecte sur l’emplacement où doit s’élever son palais. Thomas lui trace en détail un plan de l’édifice qui le ravit, malgré certaines étrangetés qui le surprennent. Il remet au prétendu architecte une provision d’or et d’argent que Thomas distribue en aumône aux pauvres et aux malades. Le marchand Abbanês envoyé en inspection sur les chantiers, n’y voit pas trace de bâtiments ; le roi, affirme Thomas, ne verra son palais qu’une fois mort. Goundaphoros furieux fait jeter en prison le marchand et l’architecte qu’il veut écorcher et brûler vifs. Un miracle opportun lui ouvre les yeux ; il se repent et se convertit. Thomas va poursuivre son œuvre d’apostolat dans un pays voisin, chez le roi Misdaios, et, à la suite d’aventures édifiantes ou romanesques, il y subit le martyre.

On sait que les communautés chrétiennes du sud de l’Inde prétendent remonter à saint Thomas ; les « Chrétiens de saint Thomas », comme on les dénomme, vénèrent aux environs de Madras la place où leur apôtre fut mis à mort. La tradition, pour être ancienne, n’en est pas plus authentique ; nous n’avons point à l’examiner ici. Mais on imagine la surprise et l’émotion du premier numismate (Cunningham, en 1854) qui reconnut le Goundaphoros des légendes de saint Thomas sur des monnaies indo-parthes exhumées au Penjab et dans la vallée de Caboul. Le roi qui les frappe semble assez embarrassé pour figurer son nom ; en grec, il écrit undopherês, -pharou, induphrn, gonda-,