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et du martyre de saint Thomas ; en grec, en syriaque, en latin, en éthiopien, en arménien : Actes, Miracles, Passionetc. Je n’ai pas à entrer ici dans les controverses d’ordre critique ou théologique que soulève cette vaste littérature. Le plus ancien de ces ouvrages, les Actes de Thomas, est sans aucun doute d’origine manichéenne ; il est à ce titre condamné par le Décret du pape Gélase (492-496). Il n’en a pas moins d’intérêt pour nos recherches ; il rapporte un état ancien de la tradition qui associe au voyage de saint Thomas le souvenir d’un prince indo-parthe que les découvertes de l’épigraphie et de la numismatique indiennes ont définitivement rendu à l’histoire.

On se rappelle peut-être que, dans sa Notice sur le Ki-pin, l’Annaliste des premiers Han signalait que les gens du pays de Ki-pin (autrement dit du Nord-Ouest de l’Inde) excellaient à bâtir des palais. Les Actes de Thomas sont pour ainsi dire la mise en œuvre de ce thème. Lors du partage du monde entre les apôtres, le sort avait désigné Thomas pour l’Inde ; mais Thomas se dérobait à sa mission. Survient un marchand, Abbanês, qui arrive de l’Inde, le roi Goundaphoros lui a donné mandat d’amener un architecte pour lui édifier un palais. Jésus se manifeste devant lui, lui offre en vente un esclave architecte, Thomas, et après entente rédige un contrat de vente entre Jésus, fils de charpentier et Abbanês mandataire de Goundaphoros roi des Indiens. Le marchand et l’esclave s’embarquent pour atteindre l’Inde. En cours de route Abbanês s’informe des capacités de Thomas. Je sais, dit Thomas, faire avec le bois des charrues, des bateaux, etc. ; avec la pierre je sais faire des stèles, des temples, des prétoires (πραιτώρια)