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des Bacchantes d’Euripide, en attendant les nouvelles de la bataille engagée contre Crassus. On ne s’étonne plus que Sénèque, auteur lui-même d’un mémoire sur l’Inde et contemporain d’Apollonius, s’écrie dans la Consolation à Helvia (VII, 1) : « Que signifient ces villes grecques au milieu des territoires barbares ? Et le parler grec entre Indiens Perses ? » Nous ne suivrons pas, bien à regret, Apollonius de Tyane jusqu’à la Tour des Sages, au Puits du Témoignage, au Feu du Pardon, à la statue de Tantale, où sous les merveilles de placage une critique avertie retrouve des légendes et des traditions locales, en accord surprenant avec les récits des pélerins chinois, et jusqu’à des allusions évidentes aux deux grandes épopées du Mahā-Bhārata et du Rāmāyaṇa. Je ne retiendrai qu’un seul trait, pour le contraste instructif qu’il évoque. Le roi du pays où résident les Sages, par delà l’Hyphase, dans la vallée du Gange, vient chez les brahmanes pour y rencontrer l’étranger, tout comme nous verrons plus tard le roi Harṣa impatient de rencontrer le chinois Hiuan-tsang, en tournée de pélerinage dans l’Inde. Mais ici, « au nombril de l’Inde » comme disent les Sages, le Grec se heurte aux préventions hindoues. Le roi était malveillant aux Grecs. « Je ne trouve rien chez les Grecs, déclare-t-il, qui vaille qu’on en parle. » Celui-là est vraiment le porte-parole de l’Inde, c’est-à-dire de la réaction brahmanique qui devait à la fin triompher.

Au temps même où un Grec de Syrie, Apollonius de Tyane, allait demander à la sagesse indienne des instructions et des règles, un apôtre partait de la Palestine pour apporter aux Parthes et aux Indiens une religion naissante. Une littérature copieuse s’est formée autour des voyages