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lement contre le génie de la langue indienne réagit sur le protocole religieux du bouddhisme ; le Bouddha passe à son tour « empereur des dieux » et s’affuble du titre de devātideva, calqué brutalement sur un modèle étranger. Les figures frappées au revers des monnaies sont pour la plupart empruntées à l’Olympe hellénique : Zeus, Poseidōn, Artemis, Héraklès, Apollon, Pallas, etc. ; parfois elles sont remplacées par les animaux qui symbolisent l’Orient : éléphant, lion, buffle. Mais la face présente toujours un aspect uniforme, exclusivement propre à la race des Çaka : le roi est à cheval, comme il convient au chef d’une horde de cavaliers. On reconnaît à ce trait la monnaie que l’Annaliste chinois décrivait comme la monnaie du Ki-pin. Les noms des princes sont toujours iraniens, et rappellent le plus souvent l’onomastique des Parthes : Manês, Vonōnês, Azês, Azilisês, Arsakês, Pakorês. Parfois, par une innovation expressive, ils expriment les rapports de parenté qui les unissent à un souverain de la même race, comme pour affirmer dans la confusion des ambitions rivales la légitimité de leurs revendications. Spalahōrês par exemple, s’intitule « le frère du grand roi » (adelphou tou basileōsmaharajabhrata) sans spécifier davantage, quand il frappe avec Vonōnês ; Spalagadamês s’intitule « fils de Spalahōrês » ; Abdagasês s’intitule « fils du frère de Gondopharès » (undiphero adelphideōsgundapharabhrataputrasa). Leur chancellerie sait manier la langue grecque et la langue indienne aussi bien que la chancellerie des rois indo-grecs. Ils continuent la tradition de la culture grecque ; sans doute, dans leur indifférence versatile, beaucoup d’entre eux auraient pu, comme