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un hôte officiel, c’est nous obliger à le protéger en route contre les attaques des brigands. De P’i-chan (sud-est de Kachgar), en allant au sud, il y a quatre ou cinq royaumes qui ne sont pas attachés à la Chine. Si nous donnons à la mission une centaine d’hommes pour faire le guet et pour monter la garde aux cinq veilles de la nuit, ils seront exposés aux attaques des brigands qui chercheront à enlever les ânes et le bétail chargés de provisions, ils auront alors à compter pour leur approvisionnement sur le pays où ils passeront. Il peut arriver que les pays soient pauvres et petits, incapables de ravitailler l’escorte ; ou encore les habitants sont cruels, avaricieux, ne veulent rien donner, parfois même barrent la route à la frontière. La commission chinoise devra donc en pareille circonstance mourir de faim parmi les montagnes et les vallées, mendiant les aliments indispensables sans les obtenir. En dix ou vingt jours hommes et animaux seront morts dans le désert, jamais on n’en saura plus rien. De plus, en passant la Grande Montagne du Mal-de-tête, la Petite Montagne du Mal-de-tête, la Terre Rouge, la Côte de la Fièvre, les gens perdent leur couleur, ressentent des maux de tête, des nausées. Les ânes et le bétail sont éprouvés de même manière. En outre il y a trois étangs bordés de rochers où le sentier n’a que seize ou dix-sept pouces de large sur une distance de 30 li, au-dessus d’un abîme effroyable ; les voyageurs, qu’ils soient à cheval ou à pied, sont tous attachés à la corde, les uns aux autres. Après plus de 2 000 li de marche, on arrive au Hien-tou ; on a perdu en route la moitié des bêtes tombées dans les précipices ; leurs cadavres traînent partout, réduits en bouillie. Les gens perdent