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à la violence. Les petits royaumes… sur la grande route attaquaient et pillaient les convois ; des piquets de soldats Hiong-nou interceptaient constamment le passage des Chinois. Les envoyés insistaient à l’envi sur la nécessité de soumettre ces royaumes, sur le danger de les laisser impunis, ils ajoutaient que les troupes cantonnées dans les villes étaient faibles et faciles à vaincre ».

Wou ti comprit qu’il fallait frapper un grand coup ; il décida de porter la guerre dans ce lointain pays de l’Occident que la Chine venait de découvrir. Par cette entreprise, il trouvait en même temps le moyen de satisfaire un de ses goûts personnels qui cadrait avec l’ensemble de sa politique. Dans la Chine nouvelle, le cheval devenait un facteur capital de puissance militaire. Les éternels ennemis de l’Empire, les Hiong-nou, tout comme leurs voisins et leurs rivaux, les Wou-souen, les Yue-tche devaient surtout leurs succès à la valeur de leur élevage ; la Chine n’avait à leur opposer que le petit cheval mongol. En pénétrant dans le monde iranien, Tchang K’ien avait remarqué la beauté des chevaux, solides, bien bâtis, bien proportionnés, le poitrail, le cou, croupe pleinement développés, qu’on élevait au Ta wan (Fergana). La ville qui produisait cette race magnifique portait le nom de Eul-che (Niçā). La Grèce avait, elle aussi, appris depuis les guerres médiques à connaître et à apprécier les chevaux de Nisa (Nisaioi, Nesaioi) « les plus beaux et les plus grands du monde » (Dion Chrysostome) comme aussi « les plus rapides » (Suidas). Quand Xerxès traversa l’Hellespont avec une pompe telle que le monde n’en avait pas encore vu, on fit passer à la suite de la garde impériale à cheval « dix