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le kalevala

frère ne mène plus baigner son cheval de combat dans ce grand golfe !

« J’étais venue pour me baigner dans la mer, pour nager dans le golfe. Et voilà que je disparais sous les eaux, pauvre colombe, que je meurs, triste oiseau, d’une mort prématurée ! Ah ! que, durant toute cette vie, ma sœur ne vienne plus laver ses yeux[1] dans les eaux de ce grand golfe !

« Toutes les gouttes d’eau qu’on y trouvera seront autant de gouttes de mon sang ; tous ses poissons, autant de lambeaux de ma chair ; toutes les branches dispersées sur ses rivages, autant de fragments de mes os ; toutes les tiges de gazon, autant de débris de ma chevelure. »

Telle fut la triste aventure de la jeune fille, telle fut la fin de la belle colombe.

Et, maintenant, qui en portera la nouvelle, qui fera entendre les récits de la langue[2], dans la maison renommée, dans la belle maison d’Aino ?

C’est l’ours qui portera la nouvelle, c’est l’ours qui fera entendre les récits de la langue.

Non, l’ours ne sait point parler, l’ours a disparu parmi les troupeaux de bétail.

Qui portera la nouvelle, qui fera entendre les récits de la langue, dans la maison renommée, dans la belle maison d’Aino ?

C’est le loup qui portera la nouvelle, c’est le loup qui fera entendre les récits de la langue.

Non, le loup ne sait point parler, le loup a disparu parmi les troupeaux de brebis.

Qui portera la nouvelle, qui fera entendre les récits de la langue, dans la maison renommée, dans la belle maison d’Aino ?

C’est le renard qui portera la nouvelle, c’est le renard qui fera entendre les récits de la langue.

  1. Laver son visage. C’est la plus jolie partie pour le tout.
  2. C’est-à-dire qui racontera verbalement ce qui est arrivé.