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troisième runo

« Je pleure aussi, je pleurerai, tous les jours de ma vie, la douceur de ce soleil, les charmes de cette lune superbe, toute la majesté de ce ciel ; car il faudra que je les quitte, moi si jeune encore ! Il faudra que je les laisse ici, moi, tendre enfant, sur le chantier de mon frère, devant la fenêtre de mon père. »

La mère dit à sa fille, la nourrice dit à son enfant : « Sèche tes larmes, folle que tu es ! Calme ta douleur ! Tu n’as aucun motif de prendre un visage triste, ni de te lamenter. Le soleil de Dieu ne brille pas seulement à la fenêtre de ton père ou à la porte de l’habitation de ton frère, il brille encore sur d’autres lieux. Ce n’est pas seulement aussi dans les champs de ton père, dans les bois défrichés de ton frère, que tu trouveras, pauvre enfant, des baies et des fraises à cueillir. Il en croît encore sur d’autres montagnes, il en croit encore dans d’autres plaines. »