qui ai vécu toute ma vie dans ces bois solitaires, au milieu de mes champs, attentif seulement à la voix de mon coucou ? Cependant, ne m’en fais pas moins entendre ce que tu sais, Ce que tu comprends mieux que les autres. »
Le jeune Joukahainen dit : « Je sais une chose et une autre chose ; je les possède dans toute leur clarté. Je sais que le passage de la fumée est près du toit[1], que la flamme n’est pas loin du foyer, que la vie est facile au chien de mer, au phoque qui se vautre dans l’eau ; il s’engraisse des saumons et des lavarets qui errent autour de lui.
« Les plaines qu’habite le lavaret n’ont point d’aspérités, le toit est plat et uni dans la demeure du saumon ; le brochet se joue dans l’eau glacée ; la truite dans les flots orageux ; la perche timide plonge, pendant l’automne, au fond des gouffres ; pendant l’été, elle danse dans les fleuves desséchés, elle se trémousse près des rivages.
« Si cela ne te suffit point, je sais encore d’autres choses, je connais d’autres sujets. Pohjola est labourée avec des rennes ; Etelä[2] avec des chevaux ; Takalappi[3] avec des tarwas[4] ; une vaste forêt couronne la montagne de Pisa, des sapins touffus s’élèvent sur les rochers de Horna[5].
« Il est sous la voûte de l’air trois redoutables cataractes, trois superbes lacs, trois hautes montagnes. En
- ↑ Dans les anciennes maisons finnoises, il n’y a point de cheminée proprement dite. La fumée s’échappe à travers les fentes du toit, mais insensiblement et de manière à former, dans l’intérieur de la chambre, à la hauteur de six ou sept pieds, une légère voûte de vapeur.
- ↑ Le Midi.
- ↑ Région extrême de la Laponie.
- ↑ Élan selon les uns, bœuf, selon les autres. Ce mot a donné lieu, entre les savants finnois, à beaucoup de discussions demeurées jusqu’ici sans résultat précis.
- ↑ On ignore où étaient situées ces deux montagnes. Horna est pris aussi pour le nom d’un mauvais génie.