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LE KALEVALA


PREMIÈRE RUNO[1].

sommaire.
Ouverture du poëme. — La Vierge de l’air descend des hauteurs éthérées au milieu de la mer. — Le souffle du vent féconde son sein. — Durant sept siècles, elle erre sur les flots, ballottée par la tempête. — Ses douleurs et ses plaintes. — Invocation à Ukko dieu suprême. — Un aigle s’abat sur le genou de la Vierge et y bâtit son nid, dans lequel il dépose sept œufs. — Les œufs se brisent, et de leurs débris se forment la terre, le ciel, le soleil, les étoiles et les nuages. — Créations de la fille d’Ilma. — Naissance de Wäinämöinen, le runoia éternel.

Voici que dans mon âme s’éveille un désir, que dans mon cerveau surgit une pensée : je veux chanter ; je veux moduler des paroles, entonner un chant national,

  1. Dans la langue finnoise, Runo, pl. Runot, signifie vers, chant, poëme. Selon Hallenberg, l’origine de cette expression est orientale ; « In linguis orientalibus, nomen soni atque clamoris expressum fuit litteris rn, rnh, rnm, quod idem etiam factum est nomen visûs, tum oculorum tum mentis : Samaritice, rn, rnn, murmuravit, murmuratio ; Hebraïcè ranan, ranah, clamare, sonare, rinnah, clamor, cantus, precatio ; Chaldaïce, rnan, clamare, rinnanah, rinnun, murmuratio, cantus, meditatio ; Syriace, rno meditatus est, reno, meditatio ; Arabice, ranna, sonare, clamare, gemere, rannin, sonus, clamor, gemitus, rana, ranaa, vocem edere exultationis, runaa, sonus. »

    Ainsi, le mot runo, runot, exprime d’une manière adéquate l’idée de la poésie, qui est à la fois inspiration, vision de l’âme et chant de la voix. Le mot grec ποίησις (de ποιέω) est moins complet, ce semble, puisqu’il n’exprime que l’idée de création intérieure.