trouvait ; et elle en abattit la petite baie, qui roula par terre ; puis, de la terre elle monta sur les belles chaussures de la jeune vierge ; de ses belles chaussures, sur ses blancs genoux ; de ses blancs genoux, sur les gracieux plis de sa robe ; des gracieux plis de sa robe, sur sa ceinture ; de sa ceinture, sur sa poitrine ; de sa poitrine, sur son menton ; de son menton, sur ses lèvres ; de ses lèvres, elle se précipita dans sa bouche, elle glissa sur sa langue ; de sa langue, elle passa dans sa gorge, et de sa gorge elle descendit dans son sein[1].
Marjatta, la belle enfant, fut fécondée par la petite baie, et son sein commença à gonfler.
Elle se mit à marcher, la robe lâche et sans ceinture ; elle visitait secrètement la chambre de bain, elle s’y glissait au milieu des ténèbres de la nuit.
Sa mère était inquiète ; elle se demandait sans cesse : « Que manque-t-il donc à notre Marjatta ; qu’est-il arrivé à notre colombe pour qu’elle marche ainsi, la robe lâche et sans ceinture, pour qu’elle visite secrètement la chambre de bain, qu’elle s’y glisse au milieu des ténèbres de la nuit ? »
Un enfant prit la parole, un petit enfant s’exprima ainsi : « Voici ce qui manque à notre Marjatta, voici ce qui est arrivé à notre pauvre fille : Elle a gardé longtemps les brebis, elle a longtemps mené paître le troupeau.
- ↑ Tout ce passage est certainement plein de grâce. Je lui préfère toutefois la variante qui figure dans la première édition du Kalevala. Il y a là entre la jeune vierge et la petite baie une scène d’une délicatesse exquise.
Après avoir abattu la baie, Mariatta lui dit :
« Monte, petite baie, monte jusque sur les plis de ma robe ! »
La petite baie monta jusque sur les plis de sa robe.
« Monte, petite baie, jusqu’à ma ceinture ! »
La petite baie monta jusqu’à sa ceinture.
« Monte, petite baie, jusqu’a ma poitrine ! »
La petite baie monta jusqu’à sa poitrine.
« Monte, petite baie, jusque sur mes lèvres ! »
La petite baie monta jusque sur ses lèvres, etc.