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introduction

laient parmi le peuple, soit d’y avoir substitué des runot de leur composition ; ou, à défaut des collecteurs, à reporter directement sur moi cette même accusation, comme ordonnateur du poëme. Or, pour se convaincre que de pareilles manœuvres étaient impossibles, il suffit de considérer que dans les localités où les runot ont été découvertes, le peuple les connaissait et les chantait bien avant qu’on songeât à les rassembler ; qu’elles lui avaient été transmises non par la voie de l’écriture ou de l’imprimerie, mais par la seule tradition orale ; et qu’elles restent tellement fixées dans sa mémoire que, pendant toute la génération actuelle au moins, le premier venu sachant la langue qui voudrait séjourner auprès de lui un certain nombre d’années, pourrait y retrouver vivant et intact le poëme tout entier. Ajoutez ces variantes innombrables déposées aux archives de la Société académique de Helsingfors, variantes qui se comptent souvent par dix et même par vingt pour une seule runo. Est-ce qu’un interpolateur se fût jamais imposé un pareil travail ? »

Ces simples arguments du docteur Lönnrot sont on ne peut plus concluants. Je ne puis omettre, néanmoins, de signaler le soin extrême, le scrupule délicat qu’il apportait lui-même dans sa rédaction du Kale-