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le kalevala

Louhi, la mère de famille de Pohjola, la vieille édentée de Pohja, comprit alors que le malheur était proche, que le jour du danger était imminent, et elle se hâta de reprendre son vol et de se diriger vers son pays.

Là, elle retira la lune du rocher, le soleil de la montagne ; puis, s’étant métamorphosée en colombe, elle retourna à la forge d’Ilmarinen.

Ilmarinen lui dit : « Que fais-tu ici, bel oiseau ? pourquoi viens-tu, ô colombe, sur le seuil de ma forge ? »

La colombe répondit : « Je suis venue ici pour t’apporter une nouvelle : la lune a surgi du sein du rocher, le soleil s’est échappé des entrailles de la montagne. »

Le forgeron Ilmarinen sortit de sa forge et leva les yeux vers le ciel ; il vit la lune briller, il vit le beau soleil rayonner.

Il se rendit aussitôt auprès de Wäinämöinen, et il lui dit : « Ô vieux Wäinämöinen, ô runoia éternel, viens, maintenant, voir la lune, viens contempler le beau soleil ; ils ont repris leur ancienne place à la voûte du ciel. »

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen se précipita hors de sa demeure, et il leva la tête, il leva les yeux vers le ciel : les deux astres rayonnaient, le soleil avait retrouvé la voûte éthérée.

Alors, le héros fit entendre sa voix puissante, et il dit : « Salut à toi, ô lune, qui nous montres ta face éclatante ; salut à toi, ô soleil d’or, qui resplendis de nouveau sur le monde !

« Ô lune d’or, tu as surgi du sein du rocher ; ô beau soleil, tu t’es échappé des entrailles de la montagne, tu t’es élancé à travers les airs, tel qu’un coucou d’or, tel qu’une colombe d’argent. Tu as repris ton ancienne place, tu as recommencé ton ancienne carrière dans les vastes plaines azurées !

« Puisses-tu donc te lever chaque matin, même après cette journée ! puisses-tu nous donner la santé, féconder nos terres, multiplier les poissons dans nos filets !

« Poursuis ta course avec splendeur ; fournis ta car-