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quarante-huitième runo

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen répondit : « Certainement on a besoin ici de quelqu’un pour battre l’eau avec une longue perche. »

Le petit homme, le frêle héros arracha un long sapin dans le bois qui bordait le rivage, il l’arma d’un bouton de pierre dure et il dit : « Faut-il battre l’eau de toutes mes forces, de toute ma vigueur d’homme, ou seulement autant qu’il est nécessaire ? »

Le vieux Wäinämöinen répondit : « Bats l’eau autant qu’il est nécessaire ; tu as là sur les bras un grand ouvrage. »

Le petit homme, le frêle héros se mit à battre l’eau, il la battit autant qu’il était nécessaire, il chassa devant lui une foule de poissons, il les poussa vers l’endroit où l’on devait lever la nasse.

Le forgeron Ilmarinen donnait ses soins au bateau, le vieux Wäinämöinen s’occupait de la pêche ; il prit la parole, et il dit : « Maintenant, les poissons accourent en foule à l’endroit où nous devons lever la nasse. »

Et la nasse fut levée, et on la vida dans le bateau de Wäinämöinen ; et parmi les poissons qui la remplissaient on reconnut enfin celui pour lequel elle avait été préparée.

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen se hâta de diriger son bateau vers le rivage, il l’y amarra solidement ; puis, il recueillit les poissons qu’il contenait, et sur le point de saisir le brochet gris, il se dit à lui-même : « Le prendrai-je avec la main nue, sans gants de fer, sans gants de pierre, sans mouffles de cuivre ? »

Le fils du soleil entendit ces paroles et il dit : « Je dépècerais volontiers le brochet si j’avais le couteau de mon père, le couteau qui appartient à mon père. »

Un couteau tomba du haut du ciel, roula du haut des nuages, un couteau au manche d’or, à la lame d’argent, et vint se suspendre à la ceinture du fils du soleil.

Le fils du soleil le prit aussitôt dans sa main puissante, et il dépeça le brochet gris, il lui élargit