Page:Léouzon le Duc - Le Kalevala, 1867.djvu/522

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
464
le kalevala

« Un instant, un court instant s’écoula : le saumon vorace, celui qui avait englouti la truite, se sentit en proie à d’atroces douleurs.

« Tantôt il nage, tantôt il s’arrête ; il nage un jour, il nage deux jours ; il longe les baies fréquentées par les saumons, il parcourt les vastes espaces fréquentés par les brochets ; il double les pointes de mille promontoires, il traverse cent golfes, et de chaque promontoire, et de chaque île retentit ce cri : Nul ne se trouve, ni dans les ondes calmes, ni dans les torrents orageux qui pourrait avaler, qui pourrait engloutir le malheureux saumon, au milieu de ces effroyables tortures issues du feu brûlant, de la flamme dévorante.

« Le brochet gris entendit ce cri, et il avala le saumon rouge.

« Un instant, un court instant s’écoula : le brochet vorace, celui qui avait englouti le saumon, se sentit en proie à d’atroces douleurs.

« Tantôt il nage, tantôt il s’arrête ; il longe les baies fréquentées par les saumons, les rochers fréquentés par les mouettes, il double les pointes de mille promontoires, il traverse cent golfes ; et de chaque promontoire, et de chaque île retentit ce cri : Nul ne se trouve ni dans les ondes calmes, ni dans les torrents orageux, qui pourrait avaler, qui pourrait engloutir le malheureux brochet, au milieu de ces effroyables tortures issues du feu brûlant, de la flamme dévorante. »

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen et le forgeron Ilmarinen fabriquèrent une nasse avec des tilles de genévrier et d’osier.

Et le vieux Wäinämöinen chargea les femmes de manœuvrer la nasse. Les femmes la plongèrent dans la mer, les sœurs la traînèrent doucement de promontoire en promontoire, d’île en île, longeant les golfes des saumons, les baies des truites, sondant le gazon et la vase noire.

On travailla, on pêcha, on jeta la nasse, on la releva ;