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le kalevala

Et il renferma cette étincelle dans sa bourse d’or, dans son sac d’argent, et il chargea une des vierges de l’air de la bercer, de la soigner, pour en faire une autre lune, un autre soleil.

La jeune vierge assise sur un long nuage, sur le bord de la voûte éthérée, berça l’étincelle, balança l’atome de feu dans un berceau d’or suspendu à des sangles d’argent.

Et tandis qu’elle berçait l’étincelle, qu’elle balançait l’atome de feu, les nuages se soulevaient, le couvercle de l’air oscillait, les sphères célestes poussaient des hurlements.

La jeune vierge prit l’étincelle dans ses mains, l’atome de feu dans ses doigts, et elle l’entoura des soins les plus tendres. Mais, voici que tout à coup elle devint oublieuse et négligente, et l’étincelle tomba de ses mains, l’atome de feu s’échappa de ses doigts.

Les cieux se fendirent, l’azur s’ouvrit largement ; et la rouge étincelle se précipita, l’atome de feu roula à travers les nuages, à travers les neuf voûtes, les six couvercles de l’air.

Le vieux Wäinämöinen dit : « Ô forgeron Ilmarinen, mon frère, allons voir, allons examiner quel est ce feu éclatant, quelle est cette flamme inconnue qui vient de tomber du haut du ciel sur la terre. Serait-ce le disque de la lune ou le globe du soleil ? »

Les deux héros se mirent en route ; et, tout en marchant, ils se demandaient comment ils trouveraient l’endroit où le feu était tombé, où la flamme s’était répandue.

Un fleuve se présenta devant eux, un fleuve presque aussi grand qu’une mer. Wäinämöinen se hâta de se construire un bateau, au milieu d’une forêt déserte ; Ilmarinen en fabriqua le gouvernail avec une tige de sapin.

Et quand le bateau fut prêt, quand ses ais et ses rames furent terminés, ils le lancèrent à l’eau et le poussèrent