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quarante-sixième runo

durant les soirs, dans les vastes régions de Suomi, parmi cette jeunesse qui s’élève, cette race qui grandit[1] ! »

  1. La partie principale de cette runo présente le tableau dramatique des divers incidents qui accompagnaient une chasse à l’ours chez les anciens Finnois, et dont plusieurs traits se conservent encore aujourd’hui. Pour ces peuples, l’ours était à la fois une source enviée de richesses et un objet de superstitieuse terreur. Aussi, en même temps qu’ils le chassaient pour avoir sa dépouille, ils le flattaient des noms les plus doux, les plus caressants, et lui adressaient les plus touchantes prières pour apaiser sa colère et conjurer ses dévastations. Lorsqu’un ours avait été abattu, tout le village auquel appartenait l’heureux chasseur se mettait en fête. On dépouillait l’animal de sa peau, on suspendait sa tête à la cime d’un arbre comme un glorieux trophée ; puis, au milieu des chants et des jeux, des libations de bière et d’hydromel, on célébrait cette grande fête populaire appelée festin funèbre de l’ours, kouwon-päaliset. De tous ces hommages rendus à l’ours, quelques savants finnois ont voulu conclure qu’à l’époque mythologique il était adoré comme un dieu. Cette déduction me paraît excessive. On pouvait craindre l’ours, on pouvait le convoiter ; mais il y avait loin de là à lui dresser des autels. Je m’expliquerai plus pertinemment sur cette question dans le second volume.