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suspendit ensuite, par des chaînes d’or, à la branche la plus touffue de la forêt[1].

« Et elle se mit à bercer doucement son petit ami, son bien-aimé, sous la couronne fleurie, sous le feuillage épais du sapin. Là, elle prit soin de son Otso, elle éleva la toison splendide, près d’un bosquet riche de miel, dans les sombres profondeurs du désert.

« Otso grandit et devint remarquablement beau ; son pied était court, son genou recourbé, son museau épais et obtus, sa tête large, son nez écrasé, sa toison luxuriante ; mais, il n avait point encore de dents, il lui manquait encore des griffes.

« Mielikki, la mère des bois, prit la parole et dit : « Je lui trouverais bien des dents, je lui procurerais bien des grifles, s’il ne devait point s’en servir pour faire le mal, pour se livrer à la destruction. »

« Otso jura, sur les genoux de la mère des bois, devant le Dieu révélé, en présence du Tout-puissant, il jura de ne point faire le mal, de ne point se signaler par d’odieux exploits.

« Alors, Mielikki, la douce mère des bois, la diligente épouse de Tapio, s’en alla chercher des dents et des griffes d’ours ; elle en demanda aux sorbiers, aux âpres genévriers, aux troncs et aux racines les plus durs ; mais ils ne lui fournirent pas une seule dent, pas une seule griffe.

« Un pin croissait au milieu de la bruyère, un sapin s’élevait sur la colline ; et dans ce pin se trouvait un rameau d’argent, dans ce sapin un rameau d’or. La femme les arracha avec ses mains, et elle en fit des griffes pour Otso ; elle les adapta à sa mâchoire, elle les planta dans ses gencives[2].

  1. Chez les Finnois, comme du reste chez beaucoup d’autres peuples primitifs, on suspend le berceau des nouveau-nés à une branche d’arbre ou à une latte flexible fixée dans l’intérieur des maisons, à l’une des solives du plafond ou du toit. Quand on veut endormir l’enfant, on imprime à cette espèce de hamac un léger mouvement.
  2. Cette description de la naissance de l’ours est certainement une