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introduction

tingue si essentiellement des œuvres du même genre.

En général, le but des épopées est de célébrer la gloire éclatante, les prodiges retentissants du glaive : lutte splendide entre des héros où le plus vigoureux et le mieux armé triomphe inévitablement ; apothéose solennelle de la force.

Le Kalevala a un tout autre caractère : l’esprit y domine impérieusement la matière, et de toutes les puissances qu’il fait agir la seule vraiment prépondérante est la puissance du verbe. C’est le verbe qui féconde le néant et peuple la nature ; c’est par le verbe que les résistances sont vaincues, les obstacles aplanis, les épreuves surmontées, que toutes les grandes œuvres sont accomplies. En revanche, si le verbe fait défaut, la force s’énerve, la lumière s’éteint ; et l’homme, le héros, si glorieux qu’il soit, n’est plus que le triste jouet des infirmités et de la misère.

La possession du verbe implique la science. Mais, quelle science ! Elle atteint les sommets les plus élevés de la magie et marche l’égale des dieux. Aussi la possession du verbe n’est-elle le partage que d’un petit nombre, et presque toujours un héritage séculaire. Entre les héros du Kalevala, Wäinämöinen est le seul où elle apparaisse