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le kalevala

« Telle est donc toute ma joie, tout mon bonheur pendant l’été, le long été. L’hiver ne m’est pas plus favorable, la saison des neiges ne m’est pas plus propice.

« Et c’est ainsi que, chaque année, je change d’une façon si prématurée. Ma tête est pleine de chagrins, mon visage pâlit, lorsque je me rappelle ces tristes jours, lorsque je pense à ces temps funestes.

« Et la tempête m’apporte aussi de nouvelles douleurs, le froid les angoisses les plus amères ; le vent m’arrache ma verte pelisse, la gelée ma belle tunique, en sorte que le pauvre bouleau reste exposé, tout à fait nu, aux insultes du froid, aux attaques de l’impitoyable hiver. »

Le vieux Wäinämöinen dit : « Ô vert bouleau, cesse de pleurer, arbre au riche feuillage, à la blanche ceinture, cesse de te lamenter ; tu vas être inondé d’une joie éternelle, tu vas commencer une vie nouvelle et plus douce ; oui, bientôt tu pleureras de bonheur, tu tressailleras d’allégresse ! »

Alors, le vieux Wäinämöinen transforma le bouleau en instrument mélodieux ; il le tailla pendant tout un jour d’été, il s’en fit un kantele, sur le promontoire nébuleux, sur l’île riche d’ombrages ; il creusa la caisse de l’instrument dans le cœur de l’arbre, dans la partie fondamentale du tronc.

Puis il dit : « Déjà la caisse, la pièce principale du kantele est façonnée : où trouverai-je, maintenant, les vis et les chevilles ? »

Un chêne, un grand chêne s’élevait sur la route, à l’extrémité de l’habitation ; il avait les branches de longueur égale ; et, à chaque branche, pendait une pomme ; et sur chaque pomme un globe d’or, et sur chaque globe d’or un coucou.

Lorsque le coucou faisait entendre sa voix, lorsqu’il modulait un quintuple son, l’or tombait de sa bouche, l’argent coulait de ses lèvres, sur la colline d’or, sur la montagne d’argent. Wäinämöinen recueillit cet or et cet