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le kalevala

semblait à un vautour, par le reste du corps à un aigle[1].

Bientôt, il atteignit le navire du héros : il s’abattit à la cime du mât, il se posa sur les vergues ; le navire chancela et faillit sombrer dans l’abîme.

Alors, le forgeron Ilmarinen s’abandonna à son Dieu, il se remit entre les mains de son créateur, et il dit : « Protége-moi, ô grand Créateur, fais, ô beau Jumala, que l’homme ne succombe point, que le fils de ma mère ne disparaisse point du nombre des vivants, sans ta permission, sans ton ordre suprême !

« Ô Ukko, dieu révélé, père qui habites dans les cieux, donne-moi une pelisse de feu, une tunique de feu, sous lesquelles je puisse combattre, afin que ma tête ne coure aucun danger, que mes cheveux ne soient point arrachés, au milieu des jeux sauvages de l’acier, des pointes aiguës des glaives ! »

Le vieux Wäinämöinen dit : « Ô mère de famille de Pohjola, viendras-tu avec moi, pour partager le Sampo, sur le promontoire nébuleux, sur l’île riche d’ombrages ? »

La mère de famille de Pohjola répondit : « Non, je n’irai point avec toi, ô misérable, pour partager le Sampo, je n’irai point dans ta compagnie, ô Wäinämöinen, je saisirai moi-même le Sampo et je l’enlèverai de ton navire. »

Alors, le joyeux Lemminkäinen tira son épée, sa lame d’acier aiguë du fourreau, et il se mit à frapper sur les pieds de l’aigle, sur les serres du puissant oiseau ; et tout en frappant, il s’écriait : « Tombez, ô hommes, tombez, ô glaives, tombez, misérables héros ! Que les

  1. « Vaka vanha Wäinämöinen
    « Käänti paatä päivan alta,
    « Luopi silmat luotehesen,
    « Katsoi taaksensa vähiäisen :
    « Jo tulevi Pohjan eukko,
    « Linti kumma liitelevi,
    « Harteista kuin havukka,
    « Vaakalintu vartalolta. »