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introduction

les hauts plateaux de l’Asie vinrent s’établir dans leur nouvelle patrie ? Ce qui est hors de doute, c’est que le Kalevala n’a point surgi d’une seule pièce ; il s’est formé peu à peu suivant la fantaisie du peuple, qui l’enrichissait et y ajoutait sans cesse. Si donc plusieurs runot datent des époques que je viens de signaler, il en est d’autres, au contraire, qui sont de beaucoup antérieures ou postérieures. Par exemple, lorsque nous y trouvons comme élément essentiel et fondamental de ces coutumes ou de ces traditions non-seulement propres à la branche bjarmienne ou karélienne, mais encore communes à toutes les tribus de la race finnoise en général, et aux alliés même les plus éloignés de cette race, n’est-ce pas là un signe que ces runot ont précédé la migration, et qu’elles remontent à l’époque où les peuples en question ne formaient qu’un seul peuple, et participaient à la même vie, aux mêmes institutions ? De ce nombre sont évidemment avec la runo cosmogonique les runot nuptiales, hââ-runot, dont il a été parlé plus haut. Quant à la runo finale, où l’élément chrétien se mêle d’une manière si étrange à l’élément païen, on ne saurait fixer son origine antérieurement au quatorzième siècle, puisque c’est dans le cours de ce siècle que les Karéliens ont été convertis au christianisme.