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quarante-deuxième runo

avec soin, une seconde fois, puis une troisième fois : « Ô Iku-Turso, fils du vieillard, pourquoi as-tu surgi du sein de la mer, pourquoi es-tu sorti du fond des eaux ? »

Iku-Turso répondit à la troisième question : « J’ai surgi du sein de la mer, je suis sorti du fond des eaux, avec le dessein d’exterminer la race de Kaleva, et de reprendre le Sampo pour le peuple de Pohjola. Mais, si tu me laisses retourner dans l’abîme, si tu épargnes ma pauvre vie, je ne me jetterai plus jamais sur la route des hommes. »

Alors, le vieux Wäinämöinen lâcha le misérable, et il lui dit : « Ô Iku-Turso, fils du vieillard, à dater de ce jour, tu ne surgiras plus du sein de la mer, tu ne sortiras plus du fond des eaux, pour te jeter sur la route des hommes ! »

Et, à dater de ce jour, Turso ne sortit plus du sein de la mer pour se jeter sur la route des hommes ; le soleil et la lune se levèrent, un jour splendide brilla, l’air devint doux et plein de charme.

Le vieux Wäinämöinen poursuivit sa course à travers les vastes golfes ; mais, quand un peu de temps, quand un temps très-court se fut écoulé, Ukko, le dieu suprême, le souverain dominateur de la voûte éthérée, ordonna aux vents de souffler, à la tempête de se déchaîner avec violence.

Et les vents soufflèrent, et la tempête se déchaîna avec violence ; les vents soufflèrent, furieux, de l’ouest et du sud-ouest, plus furieux encore du sud ; ils mugirent effroyablement de l’est et du sud-est ; ils poussèrent du nord des hurlements sauvages. Les feuilles tombèrent des arbres, l’écorce en fut arrachée, les bruyères dépouillées de leurs fleurs, les graines des plantes dispersées ; la vase noire remonta du fond de la mer à sa surface[1].

  1. « Tuuli puut lehettömäksi,
    « Havupuut havuttomaksi,