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dans sa poche, chercha dans sa petite bourse, et il en tira les aiguilles du sommeil ; puis, il se mit à coudre les paupières, à croiser les cils sur les yeux du peuple engourdi, des héros endormis, de tous les habitants de Pohjola ; et il assura ainsi une longue durée à leur sommeil[1].

Alors, il se dirigea vers la montagne de pierre, vers la montagne de cuivre de Pohjola, pour y enlever le Sampo, pour y arracher le beau couvercle, derrière les neuf serrures, derrière le dixième verrou.

Et le vieux Wäinämöinen entonna un chant magique devant les portes de la montagne de pierre, les portes de la montagne de cuivre ; et soudain elles s’ébranlèrent.

Le forgeron Ilmarinen frotta les serrures avec du beurre, les gonds de fer avec de la graisse, afin de les empêcher de grincer bruyamment ; ensuite, il fit glisser les pènes avec les doigts, il tira doucement les verrous ; et les portes, les puissantes portes s’ouvrirent dans toute leur largeur.

Le vieux Wäinämöinen dit : « Ô joyeux fils de Lempi, toi le plus cher de mes amis, va maintenant enlever le Sampo, arracher le beau couvercle ! »

Le joyeux Lemminkäinen, le beau Kaukomieli, le héros toujours prêt à agir sans y être invité, toujours plein de zèle sans y être excité, pénétra dans l’intérieur de la montagne pour y enlever le Sampo, pour arracher le

  1. « Siitä viisas Wäinämöinen,
    « Tietäja iän-ikuinen.
    « Tapasi on taskuhuusa,
    « Kulki kukkaroisehensa,
    « Ottavi uniset neulat,
    « Voiteli unella silmät,
    « Ripset ristihin panevi,
    « Paiuoi luomet lukkosehen
    « Vaeltä väsynehelta,
    « Urohiltä uinuvilta ;
    « Pani pitkähan unehen,
    « Viikommaksi nukkumahan
    « Koko Pohjolan perehen,
    « Ja kaiken kylaisen kausan. »