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introduction

ments personnels ; c’est la nation entière qui s’exalte et qui chante ; et comme elle chante à la fois le monde extérieur qui éclate à ses yeux, et le monde intérieur qui vit et fleurit en elle, ses chants échappent à toute limitation déterminée et deviennent l’expression la plus fidèle et la plus complète de tout ce qui la caractérise généralement.

Tel est l’idéal de l’épopée. On verra jusqu’à quel point le Kalevala remplit cet idéal lorsque, dans le second volume, je l’étudierai comme monument national. Un trait, que je relèverai dès maintenant parce qu’il suffirait à lui seul pour établir le fondement historique du poëme finnois, c’est la recherche en mariage des filles de Pohjola par les héros de Kalevala. Comment expliquer une telle recherche entre deux parties animées l’une contre l’autre d’une hostilité aussi flagrante ? Le savant Castren nous apprend qu’elle avait sa raison d’être dans une institution commune à tous les peuples de race finnoise. En effet, ces peuples formaient jadis plusieurs tribus divisées par un antagonisme fécond en luttes acharnées et sans cesse renaissantes. Or. il y était interdit aux hommes de prendre leurs femmes dans celle à laquelle ils appartenaient[1].

  1. Par une coïncidence des plus étranges, il se trouve qu’une cou-