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trente-septième runo

gards sur la statue ; il fixa ses yeux sur l’or, et il dit : « Pourquoi n’apportes-tu cette créature, ce fantôme d’or[1] ? »

Le forgeron Ilmarinen répondit : « Pourquoi, si ce n’est pour ton bien ? Elle sera ton épouse éternelle, elle sera la colombe qui reposera dans tes bras. »

Le vieux Wäinämöinen dit : « Ô forgeron, mon cher frère, jette de nouveau ta vierge dans ta forge et fais-en tout ce que tu voudras ; ou bien envoie-la en Russie ou en Germanie, afin que les riches et illustres prétendants se la disputent ; il serait peu séant pour ceux de ma race, il serait peu séant pour moi-même de rechercher pour épouse une fille d’or, de courir après une fiancée d’argent[2]. »

Et le vieux Wäinämöinen, l’ami de l’onde, exhorta les jeunes hommes à ne point s’incliner devant l’or, à ne point se prosterner devant l’argent. « Jamais, ô mes chers fils, ô héros pleins de jeunesse, que vous soyez riches ou pauvres, jamais, tant que durera cette vie, tant que la lune répandra sa lumière, vous ne devrez rechercher pour épouse une fille d’or, courir après une fiancée d’argent. L’éclat de l’or ne réchauffe point, l’argent est froid quoiqu’il brille[3]. »

  1. « Miksi toit minulle tuota,
    « Tuota kul’an kummitusta ? »

  2. « Ei sovi minun su’ulle,
    « Ei minullen itselleni
    « Naista kullaista kosia,
    « Hopeista huolitella. »

    Toute cette runo a évidemment une portée symbolique. C’est la critique personnifiée de ces mariages dont l’argent est le seul mobile.

  3. « Kylmän kulta kuumottavi,
    « Vilun huohtavi hopea. »