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trente-septième runo

chapeau sur la tête ; Ilmarinen lui-même mit la main à l’œuvre ; il voulait se forger une femme d’or, une fiancée d’argent.

Mais, voici que les esclaves se mirent à souffler avec indolence, que les garçons salariés faiblirent. Ilmarinen s’empara du soufflet ; et il souffla une fois, il souffla deux fois, il souffla trois fois ; puis, il regarda au fond de la forge, pour voir ce que le feu avait produit, ce qu’avait enfanté le soufflet.

Une jeune fille avait surgi des charbons, une jeune fille à la tête d’argent, à la chevelure d’or, au corps plein d’attraits. D’autres s’en fussent effrayés, Ilmarinen ne s’en effraya pas.

Il martela la statue d’or, il la martela nuit et jour sans repos ; il lui façonna les pieds, il lui forma les mains ; mais, ses pieds restèrent cloués au sol, ses mains ne se tendirent point pour embrasser.

Il lui forgea des oreilles, mais ses oreilles demeurèrent sourdes ; il lui forgea une jolie bouche et de beaux yeux, mais sa bouche ne prononça aucune parole, ses yeux ne jetèrent aucun regard.

Le forgeron Ilmarinen dit : « Cette jeune fille serait fort belle si elle savait parler, si elle avait de l’intelligence et qu’elle pût déployer la puissance de la langue. »

Il la porta sur le lit moelleux, sur les tendres coussins bordés de soie ; puis, il prépara un bain de vapeur, il apprêta le savon, le paquet de verges de bouleau, trois seaux pleins d’eau[1] ; et le pinson lava son corps, le passereau se purifia des scories de l’or[2].

  1. On a déjà remarqué que les runot multiplient les détails à l’infini. Il en résulte parfois une prolixité excessive quant à l’exposé général du sujet, mais aussi une instruction plus complète pour tout ce qui se rapporte aux mœurs populaires et aux manifestations du génie national.
  2. « Siitä seppo Ilmarinen
    « Lammitti kylyn utuisen,
    « Laati saunan saipuaisen,
    « Vastat varpaiset varusti,