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le kalevala

Kullervo, fils de Kalervo, répondit d’un air insouciant : « S’il est mort, cela m’importe peu. On trouvera bien un cheval à la maison pour le conduire au tombeau, pour le transporter dans le sein de Kalma. »

Et il recommença à sonner du cor, et il continua sa route à travers les marais et les vastes bois de pins.

Un messager courut après lui, un messager murmura à ses oreilles : « Déjà ta sœur est morte, ta sœur dort son dernier sommeil. Retourne vite sur tes pas, et viens voir toi-même comme elle doit être enterrée ! »

Kullervo, fils de Kalervo, répondit d’un air insouciant : « Si elle est morte, cela m’importe peu. On trouvera bien une jument à la maison pour la conduire au tombeau, pour la transporter dans le sein de Kalma ! »

Et il recommença à sonner du cor, et il continua sa route à travers les marais et les prairies verdoyantes.

Un messager courut après lui, un messager murmura à ses oreilles : « Ta mère est morte, ta douce nourrice dort son dernier sommeil. Retourne vite sur tes pas, et viens voir toi-même comment elle doit être enterrée ! »

Kullervo, fils de Kalervo, dit : « Malheur à moi, infortuné, malheur à moi, misérable enfant ! Ma mère est morte ! Elle est morte, celle qui préparait ma couche, qui m’endormait sous la couverture, qui me tissait mes chauds vêtements ; elle est morte, et je n’ai pu voir comment elle a succombé, comment son âme s’est envolée ! Peut-être est-elle cruellement morte de froid, peut-être est-elle cruellement morte de faim !

« Qu’on lave son corps avec soin, qu’on le frotte de fin savon, qu’on l’enveloppe d’étoffes de soie, des tissus les plus fins, et qu’ensuite on la descende dans la tombe ténébreuse, dans le sein de Kalma, au milieu des chants de deuil, des lamentations funèbres ! Je ne puis encore retourner à la maison, car je n’ai point encore tiré vengeance d’Untamo ; l’homme pervers n’est point encore abattu, le monstre infâme n’est point encore exterminé. »