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le kalevala

lumière, de ne pas être poussé dans ce monde. Non, la mort ne s’est pas fait honneur, la maladie n’a pas agi glorieusement, en épargnant mes jours, en ne m’envoyant pas, encore petit enfant, dans les sombres demeures[1]. »

Et, avec son couteau, Kullervo coupa violemment les sangles qui attachaient son cheval au traîneau, et il monta sur la noble bête, sur le coursier rapide, et il bondit à travers les bois, à travers les plaines jusqu’à ce qu’il atteignît la maison, les verts tilleuls de son père. Sa mère était debout sur le seuil. « Ô ma mère, ma malheureuse mère, toi qui m’as nourri, pourquoi, à l’aurore de ma vie, lorsque je n’étais encore âgé que de deux nuits, pourquoi n’as-tu pas rempli ta chambre de bain d’épaisse fumée, et après en avoir fermé la porte au verrou, pourquoi ne m’y as-tu pas déposé, enveloppé de mes langes, pour y être suffoqué ? Pourquoi n’as-tu pas jeté mon berceau dans la braise, au milieu des tisons ardents ?

« Si les voisins t’avaient demandé ce qu’était devenu le berceau et pourquoi ta chambre de bain était close, tu aurais répondu : J’ai laissé brûler le berceau sur la braise, au milieu des tisons ardents, en faisant fermenter l’orge pour brasser la bière. »

La mère de Kullervo dit : « Que se passe-t-il en toi,

  1. « Voi poloinen päiviäni,
    « Voipa kurja kummiani,
    « Kuu pi’in sisarueni,
    « Turmelin emom tuoman !
    « Voi isoni, voi emoni,
    « Voi on valta vahempani,
    « Minneka minua loitte,
    « Kunne kannoitte katalan !
    « Parempi olisin ollut
    « Syntymätta, kasvamatta,
    « Ilmahan sikeämatta ;
    « Maalle tälle taytymattâ
    « Eikä surma suorin tehnyt,
    « Tauti oikein osannut,
    « Kun ei tappanut minua,
    « Kaottanut kaksi-oisnä. »