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TRENTE-CINQUIÈME RUNO

sommaire.
Kullervo essaye de vivre d’une vie régulière dans la maison paternelle : mais, bientôt, son mauvais génie l’emporte ; il brise tout ce qu’il touche. — Son père lui conseille alors de voyager. — Il part et, sur sa route, il rencontre plusieurs jeunes filles qu’il invite à prendre place dans son traîneau. — Toutes refusent. — Il en enlève une de force et la viole brutalement. — Or, cette jeune fille était sa propre sœur. — Désespoir et mort tragique de la pauvre déshonorée. — Kullervo revient dans sa famille et raconte à sa mère son action abominable ; puis, il parle d’en finir avec la vie. — Sa mère l’exhorte à renoncer à ce dessein et à se retirer dans un lieu solitaire, pour y pleurer son crime et attendre que l’aiguillon du remords se soit émoussé dans son âme. — Kullervo veut, au contraire, demeurer au grand jour, affronter le jeu sanglant des batailles et venger enfin sur Untamo le mal qu’il a fait à sa famille.


Kullervo, fils de Kalervo, Kullervo, le jeune homme aux bas bleus, commença à vivre d’une vie régulière sous la tutelle de son père et de sa mère. Mais, son esprit demeura obtus, son intelligence rebelle, tellement ils avaient été faussés, tellement ils avaient été pervertis par les abrutissements de sa première enfance.

Il se mit avec ardeur au travail ; il prit un bateau de pêcheur pour aller tendre le grand filet, et il dit en s’appuyant sur les rames : « Faut-il ramer de toutes mes forces, de toute la vigueur de mes bras, ou seulement avec modération et autant qu’il est absolument nécessaire ? »

Le pilote, debout auprès du gouvernail, lui répondit :