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le kalevala

tu trouveras ton père, tu trouveras ta belle nourrice, tu trouveras tes deux jolies sœurs. »

Kullervo, fils de Kalervo, se mit en route. Il marcha un jour, il marcha deux jours, il marcha trois jours. Puis il prit la direction du nord-ouest, jusqu’à ce qu’il rencontrât une montagne. Il la tourna à gauche, et bientôt un grand fleuve lui apparut ; il en longea la rive, il en franchit heureusement les trois cataractes. Enfin, il atteignit la cime d’un promontoire, d’un écueil où se brisaient les flots mugissants, et, sur ce promontoire, sur cet écueil, il vit une maison de pêcheur.

Il entra dans la maison, mais il n’y fut pas reconnu. « Quel est cet étranger qui arrive ? De quel pays est le voyageur ? »

« Vous ne reconnaissez pas votre fils, vous ne reconnaissez pas cet enfant que les guerriers d’Untamo emportèrent loin du lieu de sa naissance, alors qu’il n’était pas plus grand que l’empan de son père[1], que le fuseau de sa mère ? »

Alors, la mère, la vieille mère de Kullervo s’écria avec transport : « Ah ! mon fils, mon pauvre fils, ma belle fibule d’or, te voilà donc encore dans ce monde, plein de vie et de santé ! Et je t’avais déjà tant pleuré, tant regretté, comme à jamais mort et disparu !

« J’avais deux fils et deux filles, deux belles vierges ; mais, les deux aînés me furent enlevés : le fils, par la guerre ; la fille, par un destin inconnu. Maintenant, je retrouve le fils, mais la fille, hélas ! ne reviendra peut-être plus. »

Kullervo, fils de Kalervo, dit : « Où la fille s’est-elle perdue ? Où est allée ma pauvre sœur ? »

La mère répondit : « Elle était allée cueillir des baies dans le bois, des fraises sur la colline : c’est là que ma belle colombe a disparu, que mon gracieux oiseau est

  1. Terme de comparaison familier aux Finnois pour exprimer la petitesse d’un objet.