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TRENTE-TROISIÈME RUNO

sommaire.
Kullervo mène paître les vaches. — Il se lamente sur sa destinée. — L’heure de son repas étant arrivée, il tire de sa besace le pain préparé par la femme d’Ilmarinen. — Son couteau se brise contre la pierre qu’elle y avait cachée. — Colère de Kullervo. — Il jure de se venger. — La corneille lui en suggère les moyens. — Il change les vaches en loups et en ours, et revient à la maison avec cet étrange troupeau. — La femme d’Ilmarinen se rend dans l’étable pour traire ses vaches, et devient la proie des loups et des ours.


Kullervo, fils de Kalervo, mit ses provisions dans sa besace et poussa les vaches d’Ilmarinen à travers les marais et les arides bruyères. Il marchait solitaire et disait :

« Malheur à moi, pauvre garçon ! Malheur à moi, infortuné ! Où en suis-je venu, misérable ! Quelle tâche de paresseux m’a-t-on imposée ? Il faut que je garde ces laides vaches, que je fasse paître ces veaux stupides : il faut que j’erre à travers des marais sans fin, des landes escarpées et difficiles ! »

Il s’assit sur une motte de terre, dans un lieu exposé au soleil, et se mit à chanter d’une voix retentissante :

« Répands ta lumière, à soleil divin, répands ta chaleur, ô globe de Jumala, sur le berger du forgeron, sur le pauvre garçon des pâturages, mais non sur la maison d’Ilmarinen, ni, surtout, sur ma nouvelle maîtresse ! La