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le kalevala

« Otso, mon unique bien-aimé, mon doux pied de miel, je ne te défends point d’errer alentour de mon troupeau, ni même de t’en approcher ; mais garde-toi de le toucher avec ta langue, de le saisir avec ta bouche, de le déchirer avec tes dents, de le mettre en pièces avec tes griffes !

« Évite les pâturages, glisse-toi secrètement le long des champs de lait, détourne-toi des lieux où résonnent les clochettes, où le berger fait entendre sa voix ! Si le troupeau est dans la prairie, gagne le marais ; s’il vient dans le marais, fuis vers le bois : s’il gravit la colline, descends-la ; s’il la descend, remonte-la ; s’il se répand dans la forêt défrichée, tourne tes pas du côté de la forêt vierge ; s’il t’y rejoint, cède-lui de nouveau la place et va prendre la sienne[1] ! Marche comme le coucou d’or, vole comme la colombe d’argent, glisse comme la lotte ou le lavaret ; cache tes griffes dans ta toison, tes dents dans leurs gencives, afin que le troupeau n’éprouve aucun dommage et échappe au malheur !

« Oui, laisse le troupeau errer en paix à travers les

  1. « Otsoseni, ainoiseni,
    « Mesikämmen kaunoiseni !
    « En sua kiella kiertämastä,
    « Euka kaymasta epeä,
    « Kiellän kielen koskemasta,
    « Suun ruman rupeamasta,
    « Hampahin hajottamosta,
    « Kammenin käpyämästa.
    « Kayös kaarteu karjamaita,
    « Piiten piima-kankahia,
    « Kierten kellojen remua,
    « Aantä painenen paeten !
    « Kousa on karja kankahalla,
    « Sina suolle soiverraite ;
    « Kun karja solahti suolle,
    « Silloin korpehen kokeos,
    « Karjan kayessä makeä
    « Astu sie maen alatse
    « Mene sie makeä myöten,
    « Astuessansa aholle
    « Sinä viere viiakkoa,
    « Viiakkoa vierressansä
    « Sina astuos ahoa ! »