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trente et unième runo

disse, tant que les siècles poursuivront leur course, que la lune répandra sa lumière, dans la forêt défrichée par le fils de Kalervo, dans le nouveau champ du grand héros !

« Et si la terre s’obstine à se montrer féconde, si la semence germe de son sein, si la tige se dresse et bourgeonne, que l’épi, du moins, ne se forme jamais, que jamais il ne sente couler en lui la séve vivifiante ! »

Untamo, l’homme cruel, voulut voir ce que le fils de Kalervo avait fait. La forêt abattue ne ressemblait en rien à une forêt défrichée et disposée pour la semence. Ce n’était point là l’œuvre d’un jeune homme.

Untamo pensa en lui-même : « Ce garçon n’est point apte à une pareille tâche : il a coupé les troncs les plus solides, il a détruit les meilleurs bouleaux. À quoi donc l’occuper ? Quel ouvrage lui confier ? Peut-être réussira-t-il mieux à construire une cloison. »

Et Untamo chargea Kullervo de construire une cloison.

Kullervo abattit les plus grands pins, les plus hauts sapins. Puis, il les planta en ligne serrée, et les lia fortement les uns aux autres avec de longues verges de sorbier. Ce fut là sa cloison : elle n’avait ni porte ni aucune autre ouverture.

Kullervo dit : « Que celui qui n’a pas les ailes de l’oiseau ne tente pas de franchir la cloison du fils de Kalervo ! »

Untamo alla voir ce qu’avait fait Kullervo. Il vit une cloison sans porte ni aucune autre ouverture, une cloison solidement enfoncée dans la terre et s’élevant jusqu’aux nuages du ciel.

Il dit : « Ce garçon n’est point apte à un pareil travail. La cloison qu’il a construite est impraticable ; je ne puis la franchir ni passer au travers. À quoi donc l’occuper ? Quel ouvrage lui confier ? Peut-être réussira-t-il mieux à battre le seigle. »

Et Untamo envoya Kullervo battre le seigle.