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le kalevala

Untamo jeta son filet dans l’étang de Kalervo. Kalervo visita le filet et prit tout le poisson qui s’y trouvait. Alors, Untamo, l’homme méchant, entra en fureur. Il s’escrima avec les doigts, il attaqua avec les poings, il livra bataille pour le ventre d’un poisson, pour une perche en frai.

Ainsi luttèrent Kalervo et Untamo, mais nul ne fut vainqueur : si l’un portait un coup, l’autre le lui rendait aussitôt.

Deux jours, trois jours après cette querelle, Kalervo sema son avoine derrière la maison d’Untamo.

La fière brebis d’Untamo mangea l’avoine de Kalervo ; le chien farouche de Kalervo dévora la brebis d’Untamo.

Untamo entra de nouveau en fureur et vociféra des menaces de mort contre Kalervo, contre son propre frère. Il jura d’abattre sa maison, d’y massacrer les grands et les petits, d’en exterminer tous les habitants et de la brûler jusqu’à la cendre.

Et il arma ses hommes : il donna aux forts des glaives, aux faibles et aux enfants des épieux, et il marcha à un combat sanglant, à une guerre sans merci, contre le fils de sa mère.

La belle-mère de Kalervo, la superbe femme, était assise près d’une fenêtre, regardant vers la plaine. Elle ouvrit la bouche, et elle dit : « Est-ce une épaisse fumée ou un sombre nuage qui s’élève là-bas, de l’autre côté du champ, à l’ouverture du nouveau chemin ? »

Ce n’était ni une épaisse fumée, ni un sombre nuage ; c’étaient les guerriers d’Untamo se précipitant au combat. Déjà, ils sont arrivés. Le glaive brille à leur flanc. Ils taillent en pièces la troupe de Kalervo, massacrent la grande race, brûlent son habitation et la rasent au niveau du sol aride.

Une seule femme échappa au désastre, une femme portant un enfant dans son sein. Les guerriers d’Untamo l’emmenèrent avec eux, pour l’employer à mettre en ordre sa maison, à balayer les ordures de sa chambre.