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TRENTIÈME RUNO

sommaire.
Lemminkäinen se prépare, malgré l’avis contraire de sa mère, à entreprendre une campagne contre Pohjola. — Il arme son navire et s’adjoint Tiera, son ancien frère d’armes. — La mère de famille de Pohjola évoque contre les héros le secours du Froid. — Le Froid entre en lutte avec Lemminkäinen, mais vaincu par ses conjurations, il renonce à maltraiter sa personne et se retire, en laissant son navire entre les glaces. — Lemminkäinen, accompagné de Tiera, poursuit son voyage à pied. — Il s’égare en route, puis, après s’être créé un cheval fantastique, il abandonne le projet qu’il avait formé contre Pohjola et retourne dans la maison de sa mère.

Ahti, le fils unique, Lemminkäinen, le joyeux garçon, s’en alla, de grand matin, visiter son navire.

Le navire se lamentait, le gouvernail pleurait amèrement : « Pourquoi m’a-t-on façonné, pourquoi m’a-t-on construit ? Ahti a renoncé à la guerre : voilà dix étés qu’il n’a entrepris de campagne, pas même pour conquérir de l’or ou pour rassembler de l’argent. »

Le joyeux Lemminkäinen donna au navire un coup de son gant, de son beau gant[1], et il lui dit : « Ne pleure point, ô surface de sapin[2], ne te lamente point, ô navire aux vastes bords, tu iras encore à la guerre, tu te mêleras encore au tumulte sanglant des batailles ; demain, peut-être, tu seras rempli de rameurs. »

  1. « Iski purtta vanttuhulla,
    « Kirjasuulla kintahalla. »

  2. Hongan pinta.