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plaisirs. Les pères craignaient pour leurs filles, pour ces laides et sottes créatures[1] ; ils avaient peur que je ne les pervertisse, que je n’abusasse d’elles avec excès[2]. Je me cachais donc à cause des jeunes vierges, à cause des filles nées des femmes, comme se cache le loup à cause des porcs, comme se cache le vautour à cause des poules de la maison[3]. »

  1. La fréquentation des jeunes files de Saari lui étant désormais interdite, Lemminkäinen en parle avec le même mépris que le renard de La Fontaine parlait des raisins qu’il ne pouvait atteindre.
  2. Le texte finnois est beaucoup plus énergique.

    « Pahasti pitelevani,
    « Ylimaarin öitsivani. »

    Ce qui veut dire littéralement, traduit en latin : « (Timebant) ne violarem illas, ne plus quam satis est dormirem cum illis. »

  3. Lemminkäinen se cachait pour séduire plus facilement les jeunes vierges, et après les avoir séduites, il se cachait encore pour se soustraire à la vengeance de leurs parents. Le texte finnois implique cette double signification. Le loup et le vautour qui servent ici de termes de comparaison sont, quoique sous d’autres rapports, absolument dans le même cas. Il ne faut pas s’étonner de voir ici le porc cité de préférence comme proie ordinaire du loup. Le porc, en effet, est très-abondant chez les Finnois ; ils en prennent un soin tout particulier et s’en servent beaucoup plus que de tout autre animal dans la consommation domestique. Les runot nous en ont déjà offert plus d’un exemple.