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introduction

tent ensemble sur un grand navire chargé de guerriers.

Tandis que les héros voguent en pleine mer, le navire se heurte tout à coup à un gigantesque brochet qui arrête sa course. Wäinämöinen tue le brochet, et de ses os forme une harpe mélodieuse, un kantele. Chacun essaye d’en jouer, mais nul n’y réussit. Alors, le vieux runoia s’assied sur la pierre de la joie et fait vibrer les cordes de l’instrument. Le kantele résonne dans toute sa force harmonieuse. Les dieux, les déesses, tous les êtres de la nature accourent pour prêter l’oreille à ses accords ; ils sont transportés jusqu’au fond de l’âme et tombent en extase. Wäinämöinen lui-même est touché jusqu’aux larmes, et ses larmes, roulant au fond de la mer, s’y changent en perles fines et resplendissantes. Cette runo est d’un charme et d’une élévation de poésie que rien n’égale.

Cependant, l’expédition atteint les rivages de Pohjola. Wäinämöinen propose à Louhi de partager le Sampo avec lui. Louhi refuse et se prépare à la résistance ; tout le peuple répond à son appel et prend les armes. Mais, au moment où il se rassemble pour l’attaquer, Wäinämöinen saisit son kantele et en tire des accords d’une telle puissance,