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vingt-septième runo

pas encore au four, la viande nest pas encore cuite. Peut-être es-tu arrivé une nuit, ou même une nuit et un jour trop tôt ! »

Le joyeux Lemminkäinen tordit la bouche, branla la tête, secoua sa noire chevelure et dit : « Ainsi donc, le repas est terminé, les noces ont été célébrées, le festin est achevé, la bière est bue, l’hydromel est épuisé, les coupes et les pots amoncelés devant les convives sont vides.

« Ô mère de Pohjola, ô vieille femme aux longues dents, tu as célébré les noces avec les sentiments d’une méchante créature, tu as convié tes hôtes avec un cœur de chien ; tu as fait cuire de grands pains, tu as brassé la bière d’orge, tu as envoyé les invitations de six, de neuf côtés, tu as invité les pauvres, tu as invité les misérables, tu as invité les estropiés, les vagabonds, les simples manants, les journaliers aux vêtements sordides, tu as invité tout le monde ; je suis le seul que tu aies exclu.

« Pourquoi m’as-tu traité de la sorte ? Cependant, l’orge que tu possédais était mon orge. Tandis que les autres te l’avaient mesuré d’une main avare, je te l’avais généreusement prodigué ; j’avais puisé à pleins seaux dans mes tas de grains, j’avais partagé avec toi la récolte que j’avais semée.

« Non, je ne m’appellerais point Lemminkäinen, je ne serais point un hôte digne d’estime, si l’on ne m’apportait la bière, si l’on ne mettait la chaudière sur le feu, et dans la chaudière une belle portion de chair de porc, afin que je puisse manger et boire, maintenant que je suis parvenu au terme de mon voyage. »

Ilpotar, la bonne hôtesse, dit : « Ô ma jolie petite servante, ma fidèle esclave, mets la chaudière sur le feu pour faire cuire la viande, et sers la bière à notre hôte ! »

La petite servante, la pauvre enfant, la fille chargée de l’humble tâche de laver la vaisselle et de nettoyer les