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vingt-sixième runo

nuage de l’ouest, un troisième de l’est et du nord-est, il les joignit ensemble et en fit tomber une neige de la hauteur d’un manche d’épieu sur les pierres enflammées, sur les roches brûlantes. La neige se fondit sous l’action du feu, et forma un grand lac.

Le joyeux Lemminkäinen évoqua un pont de glace[1], et il le jeta sur le lac de neige fondue. Ainsi il franchit le gouffre redoutable, et termina heureusement sa seconde journée.

Et il frappa son étalon de son fouet orné de perles ; l’étalon bondit et reprit sa course.

Mais, quand il eut franchi un court espace, il s’arrêta tout à coup et demeura immobile.

Le joyeux Lemminkäinen se dressa hors de son traîneau pour voir ce qui arrivait. Un loup se tenait, un ours faisait sentinelle à l’ouverture du chemin qui conduisait à l’habitation de Pohja.

Le joyeux Lemminkäinen, le beau Kaukomieli chercha dans sa poche, fouilla dans sa petite bourse, et en retira des flocons de laine de brebis. Puis, il les frotta entre ses mains, il les broya entre ses dix doigts, et, soufflant sur ses mains, il en fit partir un troupeau, un grand troupeau de brebis, une superbe bande d’agneaux ; le loup se jeta, l’ours se précipita sur cette proie, et le joyeux héros poursuivit sa route.

Bientôt il arriva à l’habitation de Pohja. Là se trouvait une barrière forgée de fer, une palissade forgée d’acier. Elle s’enfonçait dans la terre à une profondeur de cent brasses, elle s’élevait vers le ciel à une hauteur de mille brasses. Les pieux en étaient faits de longs serpents entortillés de noires couleuvres, liés avec des lézards. Les queues des monstres avaient été laissées pendantes, leurs rondes têtes frétillaient, leurs gueules profondes sifflaient ; leurs queues étaient en dedans, leurs têtes en dehors.

  1. Il créa un pont de glace au moyen de formules magiques.