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mises, mes meilleurs habits, afin que je m’en revête pour les noces, que je m’en pare pour le festin. »

La mère s’efforce de dissuader son fils de son projet ; l’épouse cherche à retenir son époux ; deux femmes, trois filles de la nature veulent empêcher Lemminkäinen de se rendre aux noces de Pohjola.

La mère dit à son fils, la nourrice dit à son enfant : « Garde-toi, ô mon fils, garde-toi, mon enfant bien-aimé, de te rendre aux noces de Pohjola, au festin de la grande foule, car tu n’y as point été invité, et l’on ne t’a point fait savoir que l’on t’y désirait. »

Le joyeux Lemminkäinen répondit : « C’est aux pauvres diables à n’aller que là où ils sont invités, le brave se passe d’invitation[1]. J’ai une invitation perpétuelle, un message toujours retentissant, dans l’acier de mon glaive aigu, dans la pointe de ma lame fulgurante. »

La mère renouvela ses instances : « Et pourtant, ô mon fils, ne va point aux noces de Pohjola ! De nombreux phénomènes se dresseront sur ta route, des obstacles surhumains entraveront ton voyage ; trois surtout te seront funestes, trois te précipiteront cruellement dans la mort. »

Le joyeux Lemminkäinen dit, le beau Kaukomieli répondit : « Les faibles femmes voient partout des malheurs, partout d’horribles dangers ; mais le héros ne s’en effraye pas, il n’en prend aucun souci. Cependant, dis-moi toujours, afin que je l’entende de mes propres oreilles, dis-moi quel est le premier parmi les dangers qui me menacent, quel est le premier, quel est aussi le dernier. »

La mère de Lemminkäinen, la vieille femme dit : « Je te décrirai ces dangers tels qu’ils sont réellement, et non tels que l’homme voudrait qu’ils fussent. Écoute donc quel est, parmi eux, celui qui se présentera le premier : Quand tu auras fait une partie du chemin, quand tu auras

  1. Proverbe finnois.