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vingt-cinquième runo

chants bruits sur beaucoup d’autres, mais non sur cette jeune fille, ni sur aucun des habitants de cette maison.

« Voilà que tu viens de tirer des propos noirs de ta bouche âgée seulement d’une nuit, de ta tête semblable à celle d’un petit chien d’un jour[1] ! Le fiancé a conquis une digne épouse, il a amené avec lui la plus belle fille de son pays ; celle qui croissait, telle qu’une baie mûrissante, telle que la fraise des montagnes, qui chantait comme le coucou dans les bois, comme le petit oiseau dans la couronne du sorbier, comme la poitrine au charmant et lumineux plumage, dans les branches du bouleau ou de l’érable.

« Non, il n’aurait pu trouver, ni en Germanie, ni par delà l’Esthonie, une jeune fille aussi belle, une colombe aussi douce ; il n’aurait pu trouver un visage aussi frais une taille aussi noble, des bras aussi blancs, un cou aussi gracieusement flexible.

« Et il n’est pas vrai que la jeune fille soit venue les mains vides. Elle nous apporte, en présent, des pelisses, des couvertures, des pièces de drap.

« Voilà aussi que cette jeune fille a retiré de beaux produits de son fuseau, du fil tordu de sa quenouille, de l’agilité de ses doigts. Elle a fabriqué de blancs tissus ; elle les a lessivés pendant l’hiver, passés à l’eau pendant les jours de printemps ; elle les a fait sécher pendant les mois d’été : des draps de lit longs et solides, de fines taies d’oreiller, de légers voiles de soie, des couvertures molles et brillantes.

« Ô douce jeune fille, blanche et belle fiancée, tu étais aimée et considérée comme fille, dans la maison de ton père, efforce-toi d’être aussi toujours aimée et considérée comme belle-fille, dans la maison de ton époux !

« Garde-toi de t’abandonner au chagrin, de te laisser

  1. « Jo sanoit pahan sanasen,
    « Sanan kehnon kertaelit
    « Suusta yötisen vasikan,
    « Päästä penoun paiväkunnan. »