Page:Léouzon le Duc - Le Kalevala, 1867.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
le kalevala

propres yeux que tu as amené un beau coucou, qu’une oie au plumage bleu est à tes côtés, que tu as cueilli dans le bocage la tige la plus verte, dans le bois de putier la branche la plus fraîche. »

Un enfant était assis sur le plancher ; il prit la parole et il dit : « Ah ! mon pauvre frère, qu’as-tu amené ici ? Une beauté semblable à celle d’un tronc de bois résineux, une façon de tonne de poix, une taille de naine !

« Eh bien ! pauvre fiancé, tu avais désiré toute ta vie, tu t’étais promis une riche et opulente jeune fille, et tu nous amènes, en effet, une riche et magnifique héritière : un misérable bloc de bois, une corneille des marais, une pie vagabonde, un vilain oiseau, un oiseau noir du champ poudreux[1].

« Qu’a-t-elle donc fait pendant toute sa vie, qu’a-t-elle fait le dernier été ? Elle n’a pu seulement se filer un gant, pas même un pauvre bas ; elle arrive, les mains vides, dans la maison de son beau-père, elle n’y apporte pas le moindre présent, les rats grouillent dans son coffre, ils dressent les oreilles dans sa valise[2]. »

Lokka, la gracieuse hôtesse, Kalevatar, la belle femme, entendit ce discours étrange ; puis elle prit la parole et elle dit : « Qu’as-tu donc à bavarder de la sorte, impudent garçon ? Sans doute, on peut faire courir de mé-

  1. « Kutti, kutti sulho rukka,
    « Tuota toivotit ikäsi,
    « Sanoit saavasi sataisen,
    « Tuovasi tuhannen neien ;
    « Jo saitki hyvän sataisen
    « Tuon tuhannen tuppeloisen,
    « Sait kuin suolta suovariksen,
    « Aialta ajoharakan,
    « Pellolta pelotus-linnun,
    « Mustan linnun mullokselta ! »

  2. Les paroles que la runo met ici dans la bouche d’un enfant s’appellent les paroles ou le chant du persiflage, Tuomis-lahjat. Elles sont dirigées contre la jeune femme, à son arrivée dans la maison de son époux, et lorsqu’elle n’a pas encore distribué aux hôtes de la noce les présents d’usage. Leur but est de la punir, s’il y a lieu, de sa négligence et d’activer sa générosité.