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LE KALEVALA

vieillard dit, le pauvre vagabond murmura : « Non, à cher fiancé, tu ne dois, à aucun prix, te soumettre à la volonté de la jeune fille, écouter sa voix d’alouette, comme je l’ai fait moi, infortuné ! J’avais acheté de la viande, j’avais acheté du pain, du beurre et de la bière, des viandes de plusieurs sortes, des poissons de toute espèce ; j’avais acheté de la bière dans mon propre village, des provisions de froment dans les villages étrangers. Cependant, je n’ai pu trouver une femme vaillante et bonne. Lorsqu’elle entra dans ma maison, il me sembla qu’elle allait m’arracher les cheveux ; son visage avait l’aspect farouche, ses yeux s’injectaient de fiel ; sans cesse, elle écumait de colère, elle parlait d’un ton furieux ; elle m’appelait gros lourdaud, elle me traitait de vieille souche.

« Je changeai alors de plan de conduite, j’agis avec elle d’une autre manière. Quand je coupai une branche de bouleau, elle se rapprocha de moi et m’appela son cher oiseau ; quand je coupai un rameau de genévrier, elle s’humilia devant moi et m appela son bien-aimé ; quand je lui fis goûter la verge d’osier, elle se jeta tendrement à mon cou[1]. »

La pauvre jeune fille soupire douloureusement ; elle gémit, elle pleure et elle dit :[2] « Le moment du départ, l’heure des adieux approchent déjà pour les autres ; mais ils approchent bien plus encore pour moi, malgré la douleur que j’éprouve à me séparer de ce village renommé, à quitter cette belle maison où je suis née, où j’ai grandi

  1. « Jopa muistin uuen mutkan,
    « Toki toisen tien osasin :
    « Kun kolotin koivun oksan,
    « Jo likisti linnuksensa,
    « Kun karsin katajan latvan.
    « Jo kumarsi kullaksensa
    « Kun vielä panin pajuilla,
    « Jo kapusi kaulahani. »

  2. Ici commence le chant d’adieu de la fiancée : Morsiamen lähtövirsi.